Les Chatouilles est l’un des films qu’il m’a été le plus éprouvant de visionner.
Mais, à travers mon rideau d'émotions, je l’ai regardé jusqu’au bout.
Ce film, d’une incroyable intensité, illustre les impacts des crimes sexuels à travers le récit de Odette, qui a été la victime enfant d’un pédocriminel, un ami très proche de la famille.
Les sujets soulevés sont nombreux. J'en liste quelques uns apparus au fil du film.
Ce sont autant d'aspects à prendre en compte dans l'accompagnement thérapeutique des victimes.
Le pouvoir exutoire de l'expression par la danse, qui passe par le corps.
La loi du silence auquel l'enfant est soumis et l'espoir d’être sauvé par un parent aimant, qui saura voir au delà des apparences.
L’impuissance à s’extraire d’un piège qui se referme sur l’enfant impitoyablement.
La haine et la colère légitimes de l’enfant qui tentent de trouver une issue fracassante dans l’immensité de sa solitude.
L’adulte qui se débat pour ne pas être rattrapé.e par un passé qu’elle/il voudrait dépassé.
L’adulte qui oscille entre l’anesthésie fugace des paradis artificiels, pour oublier, mettre à distance et l’activation, parfois par la mise en danger, pour se sentir vivant.e.
La difficulté de reconnaître l’amour alors qu’il s’est présenté dans l’enfance sous le masque de la trahison, de la manipulation et de la peur.
Les décharges émotionnelles explosives visant à sans cesse être rassuré.e sur l’indéfectibilité du lien.
Le courage de parler et l’importance d’être entendu.e dans son vécu.
La force du déni de la souffrance de l’autre quand sa propre souffrance n’a pas été entendue. (personnage de la mère)
La violence et le rejet envers celle ou celui qui ébranle un système en place.
La force du pardon et de l’amour dans le processus de réparation. ( personnage du père)
Le verdict de culpabilité et la peine à durée définie pour le pédocriminel face à la peine à perpétuité de la victime et la question sur la prescription que cela soulève.
Le processus d’autoréparation quand l’adulte prend l’enfant qu'il a été par la main, brisant ainsi son isolement et lui apportant le soutien et la protection qui lui ont tant fait défaut.
Le courage de continuer à vivre avec ...
Etc.
C'est "du grand cinéma utile" comme l'a qualifié Ouestfrance, à regarder jusqu'au bout, car le pire est, selon moi, d'être ou de redevenir aveugle à ce fléau qui meurtrit l'enfance et impacte l'être à perpétuité.
Apprendre à vivre avec un tel traumatisme est un parcours tellement difficile, de courage et de résilience...qui force le respect et l'admiration.
Merci à Andréa Bescon et Eric Métayer
Le 119 est le numéro à joindre pour les victimes et les témoins de maltraitance envers les enfants, joignable 24/24h.
Marianne Lusson
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